« Nous ne pouvons changer le monde que si nous changeons nous-mêmes, et cela commence par notre langage et notre façon de communiquer »
– Arun Gandhi
Outre le langage, il existe de nombreuses manières de communiquer: le regard, les gestes, le corps et même la pensée, la télépathie. Cet ouvrage se focalise sur la communication verbale. La plupart du temps, nous nous exprimons de manière routinière et automatique. Marshall Rosenberg nous invite à mettre de la conscience sur nos modes d’expression. Il s’agit d’apprendre à répondre et non plus réagir afin d’exprimer nos perceptions, émotions, désirs tout en apprenant à percevoir les émotions et besoins des autres.
Dans ce livre au retentissement planétaire, Rosenberg pose les bases de la communication non violente (ci-après, « CNV »), c’est-à-dire d’un langage exprimant notre état naturel de bienveillance et renforçant nos qualités de coeur. L’objectif de la CNV est d’entretenir des relations fondées sur la sincérité et l’empathie, satisfaisant les besoins de chacun.
Quatre composantes définissent la phase où l’émetteur s’exprime:
1) observer les faits ou comportements qui affectent notre bien-être
Observer sans évaluer afin d’éviter que notre interlocuteur se sente blessé par une critique. Exemple: il vaut mieux dire: « J’observe que tu aimes que ton bureau soit rangé » plutôt que « Tu es maniaque ».
2) exprimer les sentiments que font naître ces faits ou comportements
Bien souvent, nous avons d’avantage été éduqués à diriger notre attention sur les autres qu’à être au contact avec nous-mêmes. Il est alors difficile d’identifier et d’exprimer ce que l’on ressent, en particulier dans le milieu professionnel. Rosenberg invite à développer et affiner notre vocabulaire affectif afin de faciliter nos relations avec les autres. C’est en exprimant notre vulnérabilité que la résolution des conflits peut être facilitée.
3) exprimer le besoin à l’origine de ces sentiments
On pourrait croire que ce sont les paroles et actes d’autrui qui sont à l’origine de nos réactions émotionnelles. En réalité, ils n’en sont que le facteur déclenchant. C’est un besoin personnel qui est à l’origine. Parvenir à identifier notre besoin et l’exprimer de manière sereine et dans le respect de l’autre et de ses propres besoins est la voie royale vers la libération affective.
4) exprimer une demande concrète à l’autre afin de respecter notre besoin
Il s’agit d’utiliser un langage d’action positif, clair et concret pour formuler une demande ainsi que veiller à ce que la demande ne camoufle pas une exigence. C’est l’empathie avec laquelle on répondra en cas d’éventuel refus qui sera le signe qu’il s’agissait de notre part d’une vraie demande et non d’une exigence.
En tant que destinataire, il s’agit d’accueillir avec empathie l’expression du besoin de l’autre, ce qui passe par une reformulation des sentiments et des besoins de l’émetteur. Lorsqu’une personne exprime un message comportant une charge émotionnelle importante, elle a besoin de recevoir un écho. Il s’agit d’éviter les conseils, de réconforter ou encore de donner notre avis. Cela suppose de faire le vide de notre esprit pour nous mettre dans un état de disponibilité totale à l’autre.
Rosenberg tourne ensuite le projecteur vers nous-mêmes. Selon lui, c’est dans la manière dont nous nous traitons que la CNV joue le rôle le plus important. Il nous invite à nous relier à nous-mêmes avec bienveillance, condition pour maintenir la source d’énergie divine qui est en nous. A la violence des jugements que nous pouvons parfois porter sur nous-mêmes, Rosenberg préfère la compassion. Il propose de nous évaluer sous l’angle de la satisfaction de nos besoins. C’est une manière selon lui de nourrir un lien emphatique avec nous-mêmes. Et il va plus loin encore en questionnant la motivation qui sous-tend chacune de nos actions. Si nos activités sont motivées par l’obligation, le devoir, la peur, la culpabilité ou la honte, le danger est de nous couper de notre propre essence, de nous vider de notre énergie vitale. Il s’agit dès lors d’être conscients des valeurs qui motivent nos choix.
Pour aller plus loin:
- Quelle conscience avez-vous du changement que vous pouvez opérer dans le monde ?
- La manière dont vous vous exprimez en fait-elle partie ?
- Identifiez une situation conflictuelle que vous vivez, comment pourriez-vous communiquer en CNV ?
- Vous êtes-vous déjà interrogé sur les sentiments et besoins qui animent votre interlocuteur ?
- Comment accueilliez-vous l’expression des sentiments et besoins de vos interlocuteurs ?
- Quel regard portez-vous sur vos erreurs ? Une évaluation sévère ou un regard bienveillant ?
- Repensez à un acte que vous regrettez, quel était le besoin non satisfait à la source de cet acte que vous avez posé ?
- Dressez la liste de ce que vous faites par « obligation »; indiquez « je choisis de… » devant chaque point et complétez par « parce que je veux … ». Quelles sont les valeurs qui motivent vos choix ? L’argent ? La reconnaissance sociale ? Si telles sont vos réponses, à quel part de vous-même renoncez-vous?
- Comment mettre son énergie au service de la vie ?
Pour celles et ceux qui seraient désireux d’améliorer la communication avec leurs enfants, je vous conseille deux excellents ouvrages, faciles à lire et agrémentés d’illustrations: “Parler pour que les enfants écoutent. Ecouter pour que les enfants parlent” (d’A. Faber et E. Mazlish) et “Frères et soeurs sans rivalité” des mêmes auteurs.